CRETE
découverte
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Une éruption volcanique à l'origine
du déclin d'une des plus anciennes civilisations européennes
? L'éruption du volcan islandais Eyjafjöll (2010), avec ses volutes de fumées et de cendres qui s'élevaient au-dessus de nos têtes, a fait remonter à nos mémoires l'histoire d'un autre volcan européen qu'on avait failli oublier : celui de l'île de Santorin (Thera), dans la mer Egée. Les conséquences en chaîne de cette éruption et les diverses perturbations qui en ont découlé auraient entraîné la disparition d'une civilisation extrêmement en avance et florissante mais relativement méconnue : celle des Minoens. Cette première grande civilisation européenne prospère et raffinée va pourtant disparaître assez brutalement.
La civilisation minoenne tient son nom du légendaire Minos, fils de Zeus et d'Europe, une princesse phénicienne. Les écrits mythologiques, débordants d'imagination racontent que c'est ce même Minos, époux de Pasiphaé et père d’Ariane qui fit construire un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, créature fabuleuse, née de la liaison contre-nature de son épouse avec un superbe taureau. Les Minoens ont vécu en Crète et dans la mer Egée à partir du IIIe millénaire av. JC. Dès cette période appelée minoen ancien par l'archéologue anglais Arthur EVANS, cette civilisation était déjà très développée : les fouilles ont révélé une abondante vaisselle de pierre, des céramiques, des poignards en cuivre, des bijoux d'or ainsi que des fresques et de vastes mosaïques... L'extraordinaire imagination et dextérité des orfèvres notamment, prouvent que les Minoens recherchaient le confort et le luxe par la création d'un art très raffiné. Le minoen moyen est caractérisé par de grands palais comme celui de Malia, de Phaistos et de Knossos qui comportent une architecture complexe. Le somptueux palais de Knossos (2100 avant notre ère) par exemple a été reconstruit à partir de 1700 et s'étendait sur plus de 20 000 m². Les maisons avaient l'eau courante, les rues pavées étaient bordées de trottoirs et la cité avait des systèmes d'approvisionnement et d'assainissement des eaux. Dans ces constructions grandioses, on trouve aussi de nombreux magasins où l'on entrepose des céréales, de l'huile etc. dans de magnifiques jarres ornées. Quant aux appartements royaux, ils sont des plus luxueux, décorés de fresques multicolores. Quelques richesses inestimables de cette civilisation éblouissante sont visibles au musée d'Heraklion. Comment cette civilisation admirable a-t-elle pu disparaître alors qu'elle était au sommet de sa gloire et de sa puissance ? La réponse à cette question est l'objet de nombreuses hypothèses, recherches et controverses qui ont toujours cours aujourd'hui. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Aujourd'hui, de nombreux archéologues et scientifiques s'accordent à dire que tout aurait pu basculer à la suite de l'éruption du volcan de Santorin (Théra) à 110 km au nord des côtes crétoises. Dès 1939, l'archéologue grec S. MARINATOS avait émis cette possibilité comme commencement de la chute de la civilisation minoenne. Depuis, des preuves d'origines diverses sont venues corroborer cette hypothèse. L'explosion a fini par décapiter l'île et aurait été suivie d'un tsunami en direction de la Crète. D'autres experts physiciens, mathématiciens (dont J. MONAGHAN de l'Université de Monash en Australie), géologues, vulcanologues et sismologues cherchent à comprendre comment ce tsunami a pu se produire en simulant les différentes conditions sur informatique et en analysant le sous-sol crétois. Cependant un tsunami à lui seul n'aurait pas détruit les palais crétois situés à l'intérieur des terres sur les hauteurs ou même sur la côte sud. Les fouilles permettent d'affirmer que la civilisation a survécu à la catastrophe. Des écrits réalisés après le cataclysme sur des tablettes d’argile, montrent que les Minoens ont perduré une cinquantaine d’années environ. Aussi la destruction pourrait être indirectement liée à l'éruption de Théra et due à ses diverses conséquences. Ces effets incidents auraient, eux, été fatals. 1/ L'éruption
« minoenne » datée
selon les
sources entre 1600 et 1630 av. notre ère (**)
a
été monumentale : la
plus importante des 10 000 dernières années. Peter HAEDERVAARI
(vulcanologue hongrois) a calculé que l'explosion avait dû être
quatre fois plus forte que celle du Krakatoa en 1883 (Cette dernière
avait provoqué la mort de 36 000 personnes). Des débris auraient
été projetés à 35 km d'altitude et le nuage de fumée aurait
atteint le Groenland, la Chine et l'ouest des Etats-Unis. Les
océanographes de l' Université de Rhodes Island et de l'Institut
d'océanographie du centre de recherche marine hellénique (HCMR) ont
réévalué à la hausse la quantité de matériaux dégagée par
l'éruption (60 km cubes au lieu de 39 estimés en 1991 soit environ 150
milliards de tonnes de roche !). D'après
certains chercheurs, l'impact de l'éruption pourrait avoir également
des liens avec d'autres évènements survenus en Egypte et en Chine. 2/ L'éruption, bien qu'ayant laissé le temps aux habitants de Théra de fuir (comme l'indique l'absence de cadavres et d'objets précieux) a supprimé le plus important centre minoen de commerce et d'échanges de la mer Egée ainsi que sa flotte. Des fouilles sur Santorin ont pu dégager l'ancienne ville d'Akrotiri ensevelie sous des mètres de cendres et de pierres volcaniques. Les archéologues (dont S. MARINATOS puis C. DOUMAS et L. GODART) mettent au jour les maisons, rues, placettes et des fresques admirables. Ils nous fournissent des informations essentielles sur cette cité et témoignent de son extraordinaire prospérité et d'une forte similitude dans l'organisation, l'architecture ou la vie artistique avec les autres cités minoennes de l'époque des grands palais crétois. Ces fouilles confirment l'immense importance de Théra comme centre économique et culturel de l'archipel à l'époque minoenne, point de rencontre pour tous les peuples de la Méditerranée orientale. Aujourd'hui, il ne reste qu'un tiers environ de ce que fut l'île de Théra aux temps minoens. Les immenses falaises de lave sombre au sommet desquelles sont perchées les constructions blanches des villages actuels, témoignent d'une gigantesque blessure que les forces volcaniques ont infligée à l'une des îles parmi les plus belles de la mer Egée. 3/ Le tsunami qui s'ensuivit, raz de marée d'environ 10 à 20 m de hauteur aurait alors détruit au Nord et Nord-Est de la Crète les villes côtières (Amnissos, Palaikastro...), les ports et les bateaux. Il aurait inondé les terres cultivables et noyé les principales réserves de céréales situées à faible altitude, le plus souvent près du littoral. L'arrivée d'eau salée aurait stérilisé durablement les sols et « empoisonné » les puits d'eau douce. Pour preuve, un carottage effectué en Crète a révélé la présence dans les couches correspondant à la période de l'éruption, d'animaux marins qui ne vivent qu'à de très grandes profondeurs. Ces carottages révèlent aussi la présence de pierres volcaniques originaires de Santorin. Lors de l'éruption puis du tsunami, ces animaux arrachés des profondeurs et ces pierres ont dû être transportés et déposés sur la surface du sol crétois. 4/ L'éruption a engendré des gaz et des cendres qui ont rendu l'air moins respirable voire toxique. Un carottage glaciaire, véritable conservatoire atmosphérique, réalisé dans les profondeurs des glaces du Groenland (à 700 m de profondeur), indique qu'à cette même période, il y a eu de forts dégagements de cendres et de gaz sulfureux. Les climatologues confirment un refroidissement exceptionnel à cette époque. La somme de ces fumées libérées dans l'atmosphère, a masqué le soleil pendant peut-être plus d'un an, modifiant de façon considérable le climat qui s'est refroidi. Ces nouveaux éléments ont fortement affecté toute la végétation de l'île et empêché toute culture et donc récolte ! Une importante famine en a été la conséquence directe. L'analyse dendrochronologique de chênes trouvés et conservés dans les tourbières d'Irlande ont apporté la confirmation que vers 1628 av. n.è. les cernes ont montré une souffrance de l'arbre et une croissance ralentie pendant une dizaine d'années. 5/ Le peuple semble alors avoir perdu confiance envers les rois qui représentaient les dieux, maîtres de la nature. La naissance d'un culte différent, décentralisé, voit le jour avec de possibles sacrifices d'enfants, offrande la plus chère, afin semble-t-il d'apaiser la colère des dieux marins. Les poteries datant de cette période critique sont très différentes de celles des époques précédentes. En effet, comme reflet du nouveau culte, des animaux marins et des soleils y sont fréquemment représentés. Une crise économique est venue s'ajouter à la crise politique et religieuse. En outre, le pôle de commerce de Théra avec toute sa flotte qui permettait auparavant de gérer une bonne partie du commerce entre l'Orient, Israël, la Palestine, le Liban, la Syrie, Malte, etc. a été anéanti. 6
/ Cette perte de confiance dans les rois-prêtres a fragilisé le
pouvoir, favorisé les révoltes internes et rendu l'île plus
vulnérable face aux agressions extérieures de voisins belliqueux,
et ce, notamment par l'absence de bouclier protecteur : la flotte
ayant également été emportée par le raz-de-marée. Pour finir,
l'arrivée des Grecs mycéniens(*) qui envahissent la Crète déjà
si affaiblie va marquer l'achèvement de cette surprenante
civilisation. Ils s'installent dans l'île et développent entre
autres la ville de La Canée. L'écriture minoenne appelée linéaire
A (non déchiffrée à ce jour) cède la place à l'écriture
mycénienne, le linéaire B correspondant au grec archaïque.
(décrypté en juillet 1952 par un architecte anglais : Michael
VENTRIS) Si seulement on pouvait décrypter les écrits du linéaire A, alors, un petit témoignage, une anecdote peut-être, pourrait lever le voile sur l'énigmatique disparition de cette extraordinaire civilisation. Car actuellement, l'absence de sources écrites interdit de confirmer avec certitude toutes les hypothèses en cours. D'ailleurs, d'autres chercheurs émettent d'autres scénarios : certains parlent d'invasions des Achéens ou selon des recherches plus récentes encore, d'autres peuples venus du Nord. Toutefois, on se doute après tant de similitudes que l'explosion de Théra n'est certainement pas étrangère au récit de Platon sur le mythe de l'Atlantide... Source initiale : article réactualisé de Mireille et Daniel KRUPA paru dans « la Botte » n° 21 de 2002 (bulletin de liaison et d'information du Comité Départemental de Spéléologie de la Loire) et rédigé essentiellement d'après le film documentaire « Civilisations disparues » : la fin des Minoens (diffusé sur France 5, le 03/11/2002, durée 50 min.)
Autres sources
complémentaires : Visite indispensable : le site d'Akrotiri de nouveau ouvert depuis avril 2012 (*)
L'invasion mycénienne
est
remise en question par des études et des analyses récentes (2008) (**)
Une
nouvelle étude internationale met sérieusement en doute les dates
d'éruption au XVIIe avant notre ère Pour aller plus loin : lire l'article de "National Gepographic" d'avril 2021 (publié le 14/08/2010 ; dernière mise à jour le 13/09/2014) |
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